dimanche 20 novembre 2022

 

     Julie Demaison

 


Oh, non, le frigo est pratiquement vide… !

   Julie soupire, s’assied à la table de la cuisine, attrape un morceau de papier et un Bic et  entreprend de dresser la liste des denrées qui font défaut.

 Vite fait, bien fait, elle enfile une veste et file en voiture jusqu’au supermarché. Il ne faut pas qu’elle traîne, ce n’est pas le boulot qui manque. Dès son entrée dans la grande surface en poussant son chariot, elle est happée par le brouhaha qui y règne, frappée une fois de plus par la surabondance des articles exposés. Elle est bien décidée, quant à elle, à s’en tenir à sa liste. La liste… Où est-elle, la liste ? Mais oui, bien sûr, elle est restée sur le coin de la table ! Tant pis, elle va faire …sans ! Ce sont les étals de légumes qui s’offrent aux consommateurs en premier lieu. Sans hésiter, elle empoigne une botte de carottes, toujours utiles à avoir en réserve. Puis une courgette, facile à poêler en rondelles pour agrémenter en vitesse un poisson ou des chipolatas… Et puis aussi, une grappe de tomates, des petits oignons et deux poireaux. Essentiels, quoi ! Car si Julie s’alimente  de manière simple, elle cuisine fort bien, tout est dans les épices : curry, cumin, et curcuma n’ont plus de secrets pour elle. Elle se dirige ensuite vers le rayon poissonnerie pour y attraper deux dos de cabillaud. Et plus loin elle plonge vers ces fromages qui vont faire son bonheur, Comté et chèvres de toutes sortes.

Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’elle fasse le tour du magasin et qu’elle se rapproche des caisses, piquant çà et là encore des capsules de café et deux ou trois tablettes de son chocolat préféré au caramel beurre salé. Sans oublier cette perle : sa confiture au gingembre !

Aux caisses à présent, il faut faire la file. Les chariots se cognent au bord des allées, on entend des « Excusez-moi… S’il vous plaît?... Pardon ! ».

Rien d’autre à faire que se relâcher. On prend patience devant son chariot, on feuillette l’un ou l’autre magazine laissé à portée de main, on pianote sur un téléphone, parfois on échange un sourire, un soupir.

Julie ne dédaigne pas ces moments d’abandon forcé, elle en profite pour observer les visages, décrypter les expressions fugaces. Photographier, c’est son métier! Capter ce qui est fugace, ce qui échappe. Assumer des reportages de mariage, non, elle n’aime pas trop, mais saisir le fragile, l’indicible… !

La file s’est raccourcie, c’est à présent au tour de Julie d’étaler ses achats sur le tapis roulant, de les empaqueter dans son sac et de sortir sa carte de banque.

Le caissier termine d’imprimer sa note. Il est sympa, Julie l’aime bien, cet habituel Pépé placide et souriant. Mais il ne sourit pas, ce matin, il ne blague pas.

Julie se hasarde :

-Un peu fatigué aujourd’hui ?

L’homme hoche de la tête. Sans plus.

Surprise, elle insiste malgré tout…

-Les clients ne sont pas grognons tout de même ?

Nouveau faible hochement de tête.

-Le boulot, alors ?

Le regard de l’homme se fait plus intense cette fois, s’attarde un peu. Sans broncher. Prudence oblige !

Julie n’en saura pas davantage et n’a d’autre ressource que de sourire.

Il ne lui reste qu’à empoigner son chariot, à quitter la caisse avec un bref clin d’œil et à murmurer un doux « Allez, courage, bonne journée! ».

 

-o0o-

 

Profil

Julie Demaison

31 ans

Photographe

Célibataire sans enfant

Habite un rez-de-chaussée rue Général Thys à Ixelles

Un compagnon occasionnel

Caractère : Active mais aime s’abandonner à la rêverie également

                     Aime la lecture, joue au tennis, pratique la natation

                     Sociable mais n’a pas sa langue en poche

Aime les animaux, a recueilli un chat, fieffé vagabond

Téléphone très régulièrement à son voisin, homme à tout faire

Sa crainte : être rejetée

Objet fétiche : une bague ornée d’une Pierre de lune.

Demaison : Un jour n'est pas l'autre

Prologue -          Oh, non, le frigo est pratiquement vide… ! Julie soupire, s’assied à la table de la cuisine, attrape un morceau de papie...