Julie Demaison
Oh, non, le
frigo est pratiquement vide… !
Julie soupire, s’assied à la table de la
cuisine, attrape un morceau de papier et un Bic et entreprend de dresser la liste des denrées qui
font défaut.
Vite fait, bien fait, elle enfile une veste et
file en voiture jusqu’au supermarché. Il ne faut pas qu’elle traîne, ce n’est
pas le boulot qui manque. Dès son entrée dans la grande surface en poussant son
chariot, elle est happée par le brouhaha qui y règne, frappée une fois de plus par
la surabondance des articles exposés. Elle est bien décidée, quant à elle, à
s’en tenir à sa liste. La liste… Où est-elle, la liste ? Mais oui, bien
sûr, elle est restée sur le coin de la table ! Tant pis, elle va faire
…sans ! Ce sont les étals de légumes qui s’offrent aux consommateurs en
premier lieu. Sans hésiter, elle empoigne une botte de carottes, toujours
utiles à avoir en réserve. Puis une courgette, facile à poêler en rondelles
pour agrémenter en vitesse un poisson ou des chipolatas… Et puis aussi, une
grappe de tomates, des petits oignons et deux poireaux. Essentiels, quoi !
Car si Julie s’alimente de manière
simple, elle cuisine fort bien, tout est dans les épices : curry, cumin,
et curcuma n’ont plus de secrets pour elle. Elle se dirige ensuite vers le
rayon poissonnerie pour y attraper deux dos de cabillaud. Et plus loin elle
plonge vers ces fromages qui vont faire son bonheur, Comté et chèvres de toutes
sortes.
Il n’aura
pas fallu longtemps pour qu’elle fasse le tour du magasin et qu’elle se
rapproche des caisses, piquant çà et là encore des capsules de café et deux ou
trois tablettes de son chocolat préféré au caramel beurre salé. Sans oublier
cette perle : sa confiture au gingembre !
Aux caisses à
présent, il faut faire la file. Les chariots se cognent au bord des allées, on
entend des « Excusez-moi… S’il vous plaît?... Pardon ! ».
Rien d’autre
à faire que se relâcher. On prend patience devant son chariot, on feuillette l’un
ou l’autre magazine laissé à portée de main, on pianote sur un téléphone,
parfois on échange un sourire, un soupir.
Julie ne
dédaigne pas ces moments d’abandon forcé, elle en profite pour observer les
visages, décrypter les expressions fugaces. Photographier, c’est son métier!
Capter ce qui est fugace, ce qui échappe. Assumer des reportages de mariage, non,
elle n’aime pas trop, mais saisir le fragile, l’indicible… !
La file
s’est raccourcie, c’est à présent au tour de Julie d’étaler ses achats sur le
tapis roulant, de les empaqueter dans son sac et de sortir sa carte de banque.
Le caissier
termine d’imprimer sa note. Il est sympa, Julie l’aime bien, cet habituel Pépé
placide et souriant. Mais il ne sourit pas, ce matin, il ne blague pas.
Julie se
hasarde :
-Un peu
fatigué aujourd’hui ?
L’homme
hoche de la tête. Sans plus.
Surprise, elle
insiste malgré tout…
-Les clients
ne sont pas grognons tout de même ?
Nouveau faible
hochement de tête.
-Le boulot,
alors ?
Le regard de
l’homme se fait plus intense cette fois, s’attarde un peu. Sans broncher.
Prudence oblige !
Julie n’en
saura pas davantage et n’a d’autre ressource que de sourire.
Il ne lui
reste qu’à empoigner son chariot, à quitter la caisse avec un bref clin d’œil
et à murmurer un doux « Allez, courage, bonne journée! ».
-o0o-
Profil
Julie
Demaison
31 ans
Photographe
Célibataire
sans enfant
Habite un
rez-de-chaussée rue Général Thys à Ixelles
Un compagnon
occasionnel
Caractère :
Active mais aime s’abandonner à la rêverie également
Aime la lecture, joue au
tennis, pratique la natation
Sociable mais n’a pas sa
langue en poche
Aime les
animaux, a recueilli un chat, fieffé vagabond
Téléphone
très régulièrement à son voisin, homme à tout faire
Sa
crainte : être rejetée
Objet
fétiche : une bague ornée d’une Pierre de lune.