Demaison
5 Blanc Avarice
Restaurant
La semaine a été chargée, Julie sent la
fatigue lui enserrer les épaules. Il faudrait qu’elle puisse se détendre, c’est
évident.
- Viens
avec moi, lui a soufflé, une copine, viens faire de l’aquagym!
Bonne idée,
oui ! Mais la piscine en question est située à Neerpede ! Au diable
vau vert ! Et il s’agit de Thermes ! Se balader à poil dès qu’on a cessé
de pédaler l’eau, c’est pas vraiment son truc !
Quoi
d’autre? La piscine communale ? On y est submergé par les écoles !
Sinon ?... Ah oui, il y a bien ici tout près, à l’orée du bois, le David
Lloyd dont on vante le cadre et le confort. Mais, purée ! Qu’est-ce que
c’est cher ! Quels prix ! Quoique, des prospectus dans la boîte aux
lettres, font souvent état de promotions intéressantes. A condition, bien sûr,
de s’abonner ensuite pour le reste de l’année! Que faire ?... Oh, et puis zut !
Au diable les restrictions, au diable l’avarice !
Elle ne regrette pas son choix. Après le passage
obligé par la douche, Julie débarque dans un large univers blanc fait de
carrelages et de vitres qui reflètent la
lumière. Même si elle semble bleue, l’eau est limpide, et accueille les nageurs
à des températures des plus douce. Elle s’y glisse avec langueur, entame
quelques brasses, s’étire à la nage indienne comme elle aime tant, puis se
laisse finalement flotter sur le dos, le regard perdu vers la verrière
au-dessus d’elle, transparente, lumineuse…
Mais le
temps a filé, il faudrait sortir de l’eau tout de même. Elle a saisi sa
serviette éponge et se dirige à nouveau vers les douches… A petits pas, bien sûr, et avec prudence car
le sol est humide et … 0h !... Ah ?... Zut, son équilibre ? Mais
à peine a-t-elle vacillé qu’une main vigoureuse l’a saisie par le bras… Une poigne solide qui la
maintient debout.
-Ça va,
Madame ?
-Oui, ça va…
Elle souffle,
reprend ses esprits, lève la tête vers…
Non !
Lui ? Vauquaire ? Il est là, contre elle, en slip de bain, torse
encore ruisselant.
-Tout va
bien, Mad… ? Quoi, Julie? Julie Demaison ?
-Oui, c’est moi, souffle-t-elle.
Il rit. Elle
ne peut que s’esclaffer, confuse :
-Oh, merci !
Merci, car j’ai bien failli m’étaler !
-Et ça va
maintenant ?... Ça va aller pour rejoindre votre cabine ?
-Oui, oui,
merci.
Il
rit ;
-Attention,
hein, je vous surveille de loin !... Euh ?… On pourrait peut-être se
retrouver dehors ?… Pour boire un verre au bar ?
-Pourquoi
pas, conclut-elle. A tout de suite !
Ils se
retrouvent donc au bar, quelques minutes plus tard, attablés sous la tonnelle.
-Que
voulez-vous boire, Julie ? Je peux vous appeler Julie ? D’ailleurs,
puisque je vous ai si bien sauvée, on pourrait se tutoyer aussi ?
-Ben, oui… Alors,
cerise sur le gâteau Simon, offre-moi un verre, tiens !
L’entretien
se poursuit avec politesse entre évocation des retombées médiatiques de la fête
au Métropole et business quotidien de
Julie.
Mais le
temps passe une fois de plus. Vauquaire a jeté un coup d’œil à sa montre.
-Je ne peux
pas m’attarder davantage malheureusement. Julie acquiesce et vide son verre.
Lui, se fait
narquois :
-Ca va aller
pour rentrer ? Tu es à nouveau venue en tram ou… je te reconduis cette
fois ?
-Non, non,
ça ira, lâche-t-elle en lui renvoyant un sourire amusé. Ma voiture est là
d’ailleurs.
Petit clic
sur la clef du véhicule, elle a saisi la poignée de la portière et se retourne vers
lui pour prendre congé mais… même s’il
sourit, il ne semble pas prêt à serrer la main qu’elle lui tend.
Il est là,
la dévisage. Intensément. Que veut-il dire ? Il n’y a sans doute pas de
mots pour ça… Elle le voit pourtant s’approcher avec prudence, et sent des lèvres timides se poser avec
une infinie délicatesse sur les siennes. Des lèvres bien décidées qui
s’entêtent pourtant, qui la troublent et provoquent en elle soudain… le
chaos !
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerTon récit coule de source. C'est lumineux comme l'ambiance de la piscine. C'st vivant. La peinture est juste, précise.
Et Vauquaire arrive au bon moment.
Plutôt que de restaurant il faut parler d'un bar, mais les consignes peuvent subir de petites distorsions nécessaires à la logique du récit.
Ce qu'on pressentait des possibles relations entre Julie et lui se concrétisent.
Et le dernier mot soulève des tonnes de questions pour la suite : le chaos ce n'est guère confortable !
J'ai donc hâte de lire la suite.
José
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerSurprise et émotion à la fin de ton texte !
Heureux hasard ? Vauquaire ne suivrait-il pas Julie malgré un emploi du temps directorial ?
Ton élégante sensibilité continuera évidemment à nous captiver et nous surprendre.
Amicalement,
Michel.
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerJolie évocation d'une journée de détente qui se termine sur un point d'exclamation !
Diable, il la poursuit ce Vauquaire ? Le hasard peut bien faire les choses, parfois !
Un baiser appuyé ? Il ne manque pas de culot, l'homme d'affaires altier et distant du premier texte...
J'apprécie de plus en plus ta manière toujours si fine de dépeindre les sentiments humains dans leur facettes parfois contradictoires et ta Julie n'en n'est pas dépourvues.
Tu te recentre sur Vauquaire mais l'accordéoniste (musette ? classique ?) a-t-il définitivement disparu ?
Dire qu'il faut attendre trois semaines pour avoir la suite !
Bien amicalement,
Jan.
leurS facettes...
Supprimertu te recentreS...
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerTu donnes envie de l'essayer cette piscine ! D'ailleurs, à te lire, on y est déjà. Et voilà l’orgueilleux Vauquaire qui poursuit Julie. Elle en est troublée mais va-t-elle se laisser séduire par cet homme si différent de ce qu'elle est ou est-ce lui qui va révéler un autre visage ? Ou alors... comme le suggère Jan, tu vas sortir de ton chapeau un des autres personnages apparus dans ton récit ? Sous ta plume toute en finesse, je ne doute pas que la suite sera sensible et totalement crédible. A bientôt donc.
Andrée
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerJ'admire le naturel et la simplicité avec lesquels tu fais vivre tes personnages. Que va-t-il donc découler du chaos ? Tu aiguises ma curiosité. Gisèle
Bonjour Micheline,
RépondreSupprimerTa Julie est très attachante avec ses maladresses, ses hésitations, ses désirs secrets. Ton texte reflète toutes ses nuances ainsi que le contraste avec le comportement de Simon sûr de lui certes, mais sans arrogance. Comme Michel, je me demande si Vauquaire est à la piscine par hasard ou s’il a décidé qu’il « aurait » Julie. Ce pourrait bien être le comportement d’un homme habitué à ce que rien ne lui résiste. Et le baiser à la fin est tout à fait dans cette ligne : un baiser appuyé sans accord explicite de la dame ! C’est que MeToo l’accuserait de viol le monsieur ! Mais pas Julie… Ceci dit, que va-t-il se passer ? Il semble que Julie soit sous le charme. Et Vauquaire ? Sous le charme aussi ? Ou prédateur ? Comédie romantique ou aventure sordide ? Il est vrai aussi que tu as laissé l’accordéoniste sur le banc, mais tu pourras facilement trouver un moyen de « fermer » cette porte » au moment de la mise au point finale. A moins qu‘il ne revienne sur le devant de la scène. Tout est encore possible.
Comme dit Jan, dire qu’il faut attendre encore deux semaines pour connaître la suite. J’ai envie de te faire quelques remarques de détail qui me semblent susceptibles d’intéresser tout le monde dans la mesure où elles abordent de détails d’écriture et on sait que ce sont souvent les détails qui font la différence.
Petit souci de cohérence.
Tu démarres ton texte par une invitation à l’aquagym, mais Julie va seulement à la piscine, elle ne fait pas d’aquagym, ce qui me paraît tout à fait en rapport avec son caractère indépendant. Tu devrais cependant le dire. Une phrase après le deuxième paragraphe suffirait à faire la transition entre l’aquagym et la piscine en individuel.
« Attention, hein, je vous surveille de loin !... Euh ?… On pourrait peut-être se retrouver dehors ?…Pour boire un verre au bar ? »
Qu’il y ait un moment d’hésitation dans la réplique de Simon est très bien vu, mais le « Euh » d’un écolier qui ânonne ne me semble pas son registre. Je penserais plutôt à quelque chose genre « Dites-moi ! » ou « Au fait ! »
«…offre-moi un verre, tiens ! »
Le verre, ils sont là pour le boire, donc il faudrait être plus précise genre : » « … offre-le moi donc ce verre ! »
Le thème de ton prochain chapitre sera la colère. La couleur dominante du texte l’orange et l’élément-surprise un autoportrait de Van Gogh dont tu trouveras l’image au bas de ton texte annoté.
Bon travail.
Liliane